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Et si l’amour, la compassion, l’attachement et la présence maternelle étaient une partie de la solution pour contrer les difficultés comportementales des enfants ? Et si le regard aimant d’une mère ou d’un père avait le pouvoir de rassurer l’enfant pour qu’il puisse s’élancer avec confiance dans la vie ? Et si favoriser et protéger ces liens privilégiés durant la grossesse, la naissance et la petite enfance, était un nouvel enjeu de notre société ?

À la lumière des plus récentes études, nous pouvons dorénavant avancer que le type de maternage reçu durant les premiers mois de la vie, influence grandement la capacité des enfants à vivre en société et à faire face au stress, et ce même jusque dans la vie adulte… Materner son enfant est donc définitivement un précieux cadeau qui dure toute la vie !

Le maternage idéal…

Tout d’abord, il faut préciser que le maternage idéal est … imparfait !!! Pendant la période qui suit la naissance, les parents tenteront de recréer le plus possible le confort du cocon utérin en favorisant le contact peau à peau, l’allaitement à la demande, le portage et le dodo à proximité du jeune bébé afin de combler le besoin de base le plus primaire : le besoin de sécurité (Nous y reviendrons un peu plus loin). Puis doucement, au fil des semaines, des mois et des années, ils lui transmettront la capacité d’attendre, de faire des demandes claires et de tenir compte des autres. Occasionnellement, l’enfant sera confronté à l’impatience d’un parent ou à la déception de l’autre. Et heureusement, puisqu’un enfant à qui l’on n’aurait jamais fait vivre une quelconque forme de stress, serait totalement désemparé devant une personne un peu moins à l’écoute de ses besoins (telle qu’une éducatrice ou un enseignant ayant tout un groupe d’enfant à éduquer !). Le parent idéal est donc en contact avec ses émotions, les exprime, admet ses erreurs. Il est aussi en mesure d’accueillir ce que vit son enfant et de le guider pour qu’il développe des moyens de mieux exprimer ses émotions. Enfin, le parent idéal se demande souvent s’il fait la bonne chose, mais arrive à trouver des ressources en lui ou du soutien à l’extérieur pour faire face aux défis incontournables que présente l’éducation d’un enfant en tenant compte de sa personnalité et de ses besoins spécifiques.

Maternage de proximité du nouveau-né et développement de l’enfant

À la naissance, le cerveau possède déjà tous les neurones dont il aura besoin durant la vie entière. Ce qu’on appelle le développement cérébral, est en fait le développement de connexions entre les neurones et les différentes parties du cerveau. Plus il y a de connexions, plus l’individu peut nuancer son comportement et choisir celui qui sera le plus adapté à une situation donnée. Plus l’enfant est jeune, plus le cerveau développe rapidement ces connexions. Heureusement, bien que le processus soit plus lent à mesure que nous vieillissons, de nouvelles connexions peuvent toujours s’établir. Mais le maternage de proximité dans les premières semaines de vie est le meilleur moyen de favoriser le développement de ces connexions ! Citons brièvement les conclusions de deux études sur le sujet.

    • Dans la première, on a comparé le développement du système nerveux central d’une cohorte de bébés rats ayant reçu un haut niveau de soins maternels (léchage et toilettage) versus une cohorte dont les mères étaient plus négligentes. La première cohorte présentait un meilleur fonctionnement du système nerveux et des comportements plus adaptés et ce, même à l’âge adulte ! De plus, les rates qui avaient reçu un maternage plus intensif, démontraient à leur tour, un comportement plus maternel une fois mères.
    • Dans la deuxième expérience, des macaques ayant reçu un maternage naturel avec leur mère biologique ont étés comparés à des macaques nourris au biberon par des mannequins de fourrure. Ces derniers étaient « plus peureux et plus agressifs à l’âge adulte, plus sensibles à l’alcool et demeuraient au bas de l’échelle sociale ». Cette recherche a aussi permis de constater que le maternage avait également un impact sur l’expression des gènes de l’enfant.
Accouchement et développement de l’enfant

Michel Odent, obstétricien de réputation internationale étudiant les pratiques entourant la naissance et fervent défenseur du respect de l’intimité et de la liberté des femmes durant leur accouchement, a écrit dans son livre intitulé L’amour scientifié : « Plus grand est le besoin de développer les capacités d’agressivité dans une société donnée, plus agressifs sont les rituels et les croyances dans la période entourant la naissance. » Il explique que dans les sociétés sédentaires où le besoin de dominer la nature et protéger le territoire tout comme dans les sociétés occidentales d’aujourd’hui, « il est avantageux de modérer et de contrôler les différents aspects de la capacité à aimer (…)».

Les rituels entourant la naissance dans les pays développés perturbent grandement le fonctionnement des hormones qui favorisent l’attachement et le maternage telles que l’ocytocine (qu’il surnomme, l’hormone de l’amour parce qu’on la retrouve impliquée dans une multitude de réactions biochimiques liées à l’amour telles que la séduction, la sexualité, l’accouchement et l’allaitement) et la prolactine (qui favorise les aptitudes maternelles et la lactation). Et on pourrait ajouter à la lumière des nouvelles découvertes, la vasopressine qui aurait un effet encore plus puissant sur l’attachement que l’ocytocine.

Toutes ces hormones favorisant le maternage nécessitent un très grand respect de l’intimité et des processus naturels de la naissance pour jouer leur rôle efficacement. Malheureusement, l’interférence d’une multitude d’intervenants, les protocoles rigides et interventionnistes des hôpitaux et maternités, ainsi que la séparation mère-enfant viennent trop souvent perturber l’interaction de ces hormones. Et plus tard, les commentaires de l’entourage qui croit qu’on gâtera le bébé en répondant à ses besoins, viendront ajouter au doute et à la confusion des parents. Ces freins au maternage seraient inconsciemment liés à notre culture de compétition et de performance qui exige une certaine agressivité pour réussir. Alors que développer la capacité à aimer de nos enfants par le maternage, aurait pour effet de nous permettre d’évoluer vers une société plus respectueuse de notre environnement et de la collectivité.

En conclusion…

De plus en plus de recherches et d’observations cliniques démontrent que les difficultés d’adaptation telles que le déficit d’attention, l’hyperactivité, l’impulsivité, l’agressivité et la dépression découlent très souvent d’une difficulté à gérer le stress et d’un manque de nuances dans les réactions. Materner son enfant permettra d’établir chez lui un profond sentiment de sécurité et un répertoire varié de réactions possibles face au stress. Avec le temps, un simple coup d’œil au parent qui le regarde d’un air confiant lui donnera l’assurance qu’il faut pour explorer le monde avec joie et… amour !

Mais surtout, s’il vous est arrivé, comme pour la plupart des parents d’ailleurs, de manquer de présence et d’amour pour quelque raison que ce soit, rappelez-vous qu’il est toujours possible de créer de nouveaux chemins entre les neurones… et de soutenir le développement de votre enfant ! J’ai vu plus d’un miracle dans ma pratique auprès des enfants et des familles ! N’hésitez pas à demander de l’aide à des professionnels qualifiés et… aimants !

Références :

  • « L’amour scientifié », Michel Odent, éditions Jouvence
  • « Le maternage influe sur l’expression des gènes », journal forum, 19 novembre 2012
  • « Ce que le cerveau a dans la tête », sous la direction de Joël Monzée, éditions Liber
  • Sciences et avenir, « Les 5 âges du cerveau : De 0 à 10 ans, le big bang des synapses »
  • « La culture de la nature : expériences sociales et cerveau », Frances A Champagne, Departement of psychology, Columbia University, New York, NY, USA