Tant que mon enfant choisira de croire au merveilleux tel que la Fée des dents, je continuerai. Et lorsqu’elle sera plus vieille, je crois qu’elle aura beaucoup de plaisir à entendre sa mère lui raconter les aventures de sa Maman-Fée-des-dents!
Lorsque j’étais petite, mes parents ont fait comme beaucoup de parents : ils ont nourri notre imaginaire avec le Père Noël, Coco Lapin et la Fée des dents. À Noël, il y avait les biscuits et le verre de lait, parfois quelques traces dans la neige; à Pâques, il y avait la fameuse chasse aux œufs, le matin, en pyjama; et puis il y avait l’argent sous l’oreiller à chaque dent tombée. J’en garde de très beaux souvenirs.
Lorsque je suis devenue maman, il était important pour moi de permettre à mes enfants de vivre ces mêmes expériences. Je suis touchée par les étincelles dans leurs yeux et j’adore voir à quel point leur imagination est fertile. C’est pourquoi il est facile pour moi d’y contribuer. Toutefois, je dois avouer que je n’avais pas réalisé à quel point la Fée des dents serait un emploi à temps plein!
Tout a commencé lorsque ma fille a eu 5 ans et qu’elle a perdu sa 2e dent. Elle était venue nous trouver dans notre chambre, mon conjoint et moi, avec un petit air triste : la Fée des dents n’était pas passée durant la nuit. ARGH!!!! À ce moment, je me disais que nous étions les pires parents au monde : nous avions détruit l’enfance de notre fille!! Bon, j’étais un peu dramatique, mais je me suis saisie rapidement : je l’ai raccompagnée dans sa chambre en l’invitant à replacer sa dent sous l’oreiller : il devait bien y avoir une raison qui expliquerait pourquoi la Fée n’avait pu passer. Pendant que Papa préparait le déjeuner, je m’activais rapidement à lui écrire un petit mot, ou plutôt la Fée lui écrivait un petit mot qui expliquait son retard (elle avait été tellement occupée la nuit dernière, avec toutes ces dents tombées en même temps!!) Mon conjoint a eu la brillante idée d’entrouvrir la fenêtre de la chambre de notre fille (c’était l’hiver). Lorsque notre chérie y est revenue pour s’habiller, elle a remarqué la fenêtre ouverte. Lorsque je lui ai répondu que ce n’était pas nous qui l’avions ouverte, ses yeux sont devenus brillants et son sourire si grand! Elle a couru vers son lit et a trouvé le mot de la Fée. Elle était si contente, et moi aussi, me disant que je venais de préserver son enfance!
Elle a continué à perdre des dents et à être heureuse de trouver de la monnaie sous son oreiller. Elle semblait encore plus heureuse à l’idée que la Fée venait lui rendre visite. Un jour ou l’autre, toutefois, nos enfants sont confrontés à d’autres jeunes qui n’y croient pas. Ma fille, elle, veut y croire! Lorsqu’elle m’a demandée, la première fois : « Maman, la Fée des dents existe-t-elle? » Je lui ai simplement demandé : « Tu en penses quoi? Est-ce que tu y crois? » Elle m’a répondu « Oui », souriante, avec cette magie qui brillait toujours dans ses yeux. Alors, j’ai choisi de continuer à nourrir cette idée et à cultiver cet imaginaire si rapidement perdu en vieillissant.
Cet hiver, ma fille, alors âgée de 8 ans, avait perdu une dent alors que nous étions en croisière Disney. Puisque nous étions en voyage, mon conjoint a eu l’idée de lui offrir un petit cadeau de Disney plutôt que de l’argent. J’ai même trouvé une petite épinglette de Minnie Mouse déguisée en fée!! Notre cocotte était tellement contente! Bon, jusqu’ici ça va… mais attendez, ce n’est pas terminé!
Quelques jours plus tard, nous étions dans l’avion pour le retour à la maison, lorsqu’une autre dent est tombée. Arrivée à la maison, je la vois déposer sa dent sous l’oreiller pour ensuite allumer la lumière de son bureau et écrire quelque chose sur un bout de papier. Elle me l’a ensuite tendue pour que je le vérifie : « Chère Fée des dents, je ne veux pas recevoir de l’argent. J’aimerais mieux une autre épinglette. » Ok, pas de panique! Je la laisse placer son mot sous l’oreiller à côté de la dent, je l’embrasse en lui souhaitant bonne nuit et je sors de sa chambre. Je cours dans le sous-sol afin qu’elle ne puisse m’entendre crier : ARGHHH!!!
Ouf! Que je suis contente d’avoir une imagination fertile, moi aussi! Ma fille ne retient pas des voisins, après tout. Je lui écris donc un mot expliquant que perdre une dent sur un bateau de croisière est un événement spécial qui commandait un cadeau spécial : l’épinglette. Le reste du temps, c’était de l’argent qu’elle offrait, mais ma fille pourrait l’économiser afin de s’acheter une autre épinglette (J’étais fière de moi, puisque j’étais aussi en train de lui enseigner le sens de l’économie.) Vous croyez que ça s’est terminé là? Détrompez-vous!
Dans les deux mois qui ont suivi, ma fille a perdu non pas une, pas deux, mais bien six dents! Ça fait huit dents en deux mois! Elle était aussi à l’âge où plusieurs enfants découvrent que ces personnages n’existent pas. Toutefois, rappelez-vous : ma fille veut croire à la Fée des dents! Elle s’est donc donné une mission : celle de piéger la Fée! Ma chère enfant a décidé de lui poser des questions et de lui demander des preuves. Moi, de mon côté, je me suis amusée à y répondre et à laisser ces « preuves ». Les premières questions étaient simples : « Quel est ton prénom? Quel est ton nom? Qui sont tes amis? Puis-je avoir une preuve de ton existence? » Elle a même essayé de tromper la Fée en cachant sa dent dans une armoire! Je trouvais ça drôle et j’avais du plaisir à répondre aux questions. J’avais même laissé des traces de poudre brillante en guise de preuve. Mais attention, les questions se sont raffinées : « Pourquoi je n’arrive pas à te voir? Quel âge as-tu? Qui est ton patron? » QUI EST TON PATRON?! Non, mais sérieusement! Elle a même demandé à la Fée qu’elle lui laisse un petit morceau de sa robe. La Fée a été obligée de lui dire que sa robe était tellement minuscule qu’elle ne pouvait lui en laisser un morceau. J’étais si fière de ma réponse! Mais ma fille est tellement plus intelligente que moi! En lisant la réponse, elle m’a dit : « Maman, veux-tu m’aider à coudre une robe pour la Fée des dents? »
La semaine dernière, elle a perdu une autre dent et elle a déposé une petite robe confectionnée dans des rubans (merci, grand-maman!) sous son oreiller afin de l’offrir à la Fée. Lorsque Maman-Fée-des-dents est passée, tard le soir, elle s’est fait prendre la main sous l’oreiller! J’ai simplement répondu que je venais lui souhaiter bonne nuit. Ma fille a eu un petit sourire et s’est couchée à nouveau. Fidèle à ses habitudes, il y avait une autre question. Cette fois-ci, j’ai pu lire : « Peux-tu exaucer des vœux? Si oui, je veux être riche! » Bon, je ne savais pas si je devais rire ou m’inquiéter. Quelle valeur suis-je en train de transmettre à ma progéniture? J’ai travaillé fort pour y répondre et, lorsque je suis allée déposer ma réponse sous son oreiller, je l’ai entendue chuchoter « Maman, que fais-tu? ». « Euh! Je suis venue te donner un bec sur le front ma chérie. »
Ma grande a maintenant 9 ans. Je lui ai demandé dernièrement si elle croyait toujours en la Fée des dents. Elle m’a répondu que oui, et ce, même si ses amies n’y croient plus. Lorsqu’elle m’a demandé : « Est-ce que c’est toi qui me donnes l’argent? », je lui ai posé la même question que la première fois : « Toi, tu en penses quoi? » Elle a réfléchi un peu et répondu : « Je pense que c’est la Fée… Mais si c’est toi, je vais devoir fabriquer une plus grande robe! »